Elle nous décrit un système social qui déshumanise l’Homme et déshabille les relations sociales sacralisées : famille, enfants et collègues. Viak reçoit des «patients», tous des «malades sociaux» : une fille de 19 ans avec quatre enfants qui ne connaît pas leurs prénoms et les a oubliés. Une autre jeune femme violée par son frère, son père ou son oncle. On ne sait plus! C’est un être muet, ses parents sont là, à côté, mais n’en savent rien, n’y comprennent rien. La révolte de la jeune patiente est terrible, elle prend un fusil et s’abat sur son père, puis sa mère. L’assistante sociale est là, elle comprend cette révolte silencieuse, imaginée, dévastatrice mais épuratrice. Le spectacle d’une heure et demie nous jette au cœur du social et de l’intime. Lise Martin traite son sujet avec finesse et émotion et beaucoup d’humanité. Un texte poétique, profondément perturbant, les mots des personnages pleuvent comme des balles assassines et réveillent l’humain. La réalité dépasse toutes les fictions.